La hausse continue et insensée du prix de la Rolex Daytona 116500LN (et cela s'aggrave ces derniers temps)
La Rolex Daytona est une montre que j’aimerais posséder un jour. Avec la Speedmaster, elle est l’une des montres chronographes les plus emblématiques du marché, et l’une des meilleures en termes de qualité et de spécifications. Mais je ne paierai jamais une prime de 100 % par rapport au prix de détail pour acquérir une montre (vraiment, JAMAIS). Pourtant, il m’arrive de suivre les prix de la Rolex Daytona 116500LN sur le marché de l’occasion. La dernière fois que j’ai vérifié, elles étaient cotées à environ 25 000 EUR ou 30 000 USD, ce qui me semblait déjà assez fou (soit le double du prix de détail). Ce matin, je me suis réveillé et une annonce pour une Daytona est apparue dans mon flux Facebook, avec un prix de 35 000 euros. Tout d’abord, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une blague ou d’une erreur. Comment le prix avait-il pu augmenter de 10 000 euros en seulement trois mois ? À ma grande surprise, il ne s’agissait pas d’une erreur, et je l’ai confirmé en consultant l’outil de suivi de Chrono24. En effet, la Rolex Daytona 116500LN est devenue encore plus inaccessible que je ne l’avais imaginé.
D’aussi loin que je me souvienne, je suis le marché de l’horlogerie depuis environ 10 à 12 ans et cela fait maintenant sept ans que je recherche et écris activement sur les montres. Mon parcours n’est pas des plus longs, mais il l’est déjà suffisamment pour me souvenir de ce qu’était “l’ancien temps”, lorsqu’une Daytona en acier inoxydable (à l’époque, référence 116520, avec une lunette en acier) pouvait être achetée, sur le marché de l’occasion, pour environ 9 000 euros ou 10 500 dollars. Je ne parle pas d’il y a trois décennies. Je parle des prix moyens en 2013 ou 2014, lorsque la Daytona n’était certainement pas la montre la plus facile à obtenir auprès de votre revendeur agréé, mais une montre accessible au prix de détail (si vous étiez patient) et qui pouvait être achetée à peu près au même prix sur le marché de l’occasion. Cette époque est révolue depuis longtemps, et l’introduction de la Daytona en acier avec une lunette Cerachrom en 2016 a changé le marché de manière drastique !
Je me souviens très bien avoir été au stand Rolex lors du lancement de cette montre. La montre a suscité une tension incroyable, que je n’ai plus jamais connue. Tout le monde la considérait comme un véritable joyau, une montre qui, dès le premier jour, était destinée à réussir. C’est aussi le jour où j’ai découvert la pression exercée sur les concessionnaires. Je me souviens avoir entendu des gens devant le stand, regardant les vitrines, appeler leur AD pour réserver l’un des premiers exemplaires. Et c’est là que toute la spéculation a commencé. Dès le premier jour, dès l’introduction de la montre, la situation était scellée. Vous voulez une 116500LN ? Bien sûr, mettez votre nom sur la liste d’attente, attendez pendant une période indéfinie – sans la garantie d’en obtenir une à la fin – ou payez une prime. Point final, basta, terminé.
Comme vous pouvez le voir dans le rapport de Chrono24 pour une 116500LN à cadran blanc non portée (qui fait essentiellement la moyenne des prix de tous les modèles équivalents en vente sur cette plateforme), dès son lancement, la montre se vendait déjà à prix d’or sur le marché de l’occasion. Nous parlions encore de 17 000 euros, contre un prix de détail en 2016 ou 11 300 euros. Cela signifiait une prime de 50 % par rapport au prix de détail. La situation est restée stable pendant quelques années, jusqu’à ce que les prix commencent à grimper à nouveau en 2018 pour atteindre environ 20 000 euros, puis environ 23 000 euros. Et cette tendance s’est poursuivie pendant encore quelques années.
QUE S’EST-IL PASSÉ DEPUIS JANVIER 2021 ?
Plus tôt ce matin, alors que je regardais de plus près l’état actuel du marché pour une Rolex Daytona en acier, j’ai découvert que les prix ont explosé à des niveaux sans précédent au cours des deux derniers mois. Nous ne parlons pas d’une augmentation de 1K ou 2K ; nous parlons d’une augmentation de 10K : les prix ont augmenté d’environ 30% depuis la fin de 2020. Voyez par vous-mêmes… 28 000 EUR ou 34 000 USD, c’est à peu près le prix le plus bas que vous aurez à payer (du moins selon les montres répertoriées) pour une Daytona à cadran noir. Et le cadran blanc, comme toujours, coûte environ 3 000 euros de plus.
En regardant de plus près, voici ce que vous obtiendrez en utilisant les outils proposés par Chrono24 – qui, je dois le dire, sont très pratiques. Commençons d’abord par la plus convoitée des deux Daytona en acier, l’édition à cadran blanc (prix en EUR et USD)
Il en va de même pour la Daytona 116500LN à cadran noir, un peu moins recherchée, relativement parlant. Curieusement, la 116520 à cadran noir était la plus appréciée des deux versions, et l’introduction de la lunette en céramique a inversé le marché.
Les graphiques ci-dessus, qui décrivent la situation du marché au cours de l’année écoulée, sont clairs et sans appel. Depuis fin janvier, le prix de la Daytona en acier a inexorablement grimpé pour atteindre les niveaux d’une nouvelle Daytona en or. Rappelons qu’une 116500LN est cotée à environ 12 400 euros ou 13 500 dollars. Nous ne parlons plus d’une prime de 100 % par rapport au prix de détail, comme nous le signalions dans cette analyse de marché fin 2019. La Daytona en acier est maintenant confrontée à une prime complètement folle (du moins pour moi) de 162% – oui, c’est environ 2,6 fois le prix de détail pour une montre en acier produite à plusieurs milliers de pièces par an.
La situation ne s’arrête pas là. Elle touche non seulement les modèles en acier, mais aussi la Rolesor (en plus petite proportion) et certaines éditions en or – nous ne parlerons même pas ici de l’ultra-exclusive Daytona Rainbow 116595RBOW, qui est parfois affichée à un prix quatre fois supérieur à son prix de vente. Par exemple, le modèle en céramique en or blanc porté sur un bracelet Oysterflex, la référence 116519LN, a un prix de détail d’environ 28 000 euros ou 30 000 dollars. Pendant quelques années, c’était une montre que l’on pouvait trouver sur le marché de l’occasion à des niveaux de prix de détail, souvent pour un prix légèrement inférieur aux prix de détail officiels. Mais depuis début 2021, elle fait face à la même situation que les éditions en acier, avec une augmentation continue et impressionnante de son prix, comme vous pouvez le voir ci-dessous :
Certes, la prime n’ est que de 30%, ce qui reste faible par rapport à ce qui se passe avec les modèles en acier, mais cela reflète simplement la situation générale du marché. PS : n’utilisez pas ceci comme un conseil pour investir dans ces 116519LN en or.
QU’EST-CE QUI SE PASSE ?
Je vais peut-être décevoir certains de nos lecteurs, mais plus j’y pense, moins je comprends ce marché. Avant de me consacrer aux montres, je travaillais dans la finance et la gestion de fonds. Si j’applique tout ce que j’ai appris à l’université, je n’arrive toujours pas à trouver une explication tangible. Je n’arrive tout simplement pas à trouver une raison logique et cohérente à la désirabilité qui entoure cette montre. Ne vous méprenez pas, la Daytona est une excellente montre, et je continue de penser que, au prix de détail, elle offre un excellent rapport qualité-prix. La montre est superbement réalisée, même si elle est principalement fabriquée à la machine, et son look (toujours discutable, bien sûr) est superbe. Le mouvement est l’un des meilleurs de cette catégorie et le bracelet est excellent. Objectivement, si vous parvenez à payer 12 000 euros (prix de détail) pour une montre, la Daytona est une montre qui vaut chaque centime. Mais est-ce une montre qui vaut 35 000 euros ? À mon avis, absolument pas. Avec une telle somme, on peut acheter (choisissez ce que vous préférez) 1. des métaux précieux 2. des mouvements finis à la main 3. des complications 4. une horlogerie indépendante au service de l’âme.
Alors, quelle pourrait être l’explication de cette récente hausse ? Nous savons tous que la situation sanitaire actuelle n’aide pas les marchés, et que la volatilité a été élevée sur les actions – “a été” est ici essentiel. Si vous regardez l’indice VIX, qui mesure le niveau de stress sur les marchés boursiers, il est revenu à des niveaux relativement normaux. Ce n’est donc pas la raison. De plus, la situation sanitaire avait affecté la production en mars/avril 2020, mais depuis lors, tous les fabricants suisses, y compris Rolex, produisent des montres à des capacités nominales.
La seule raison à laquelle je peux penser est ce que j’appelle “l’effet mouton”. Tout se résume à la plus simple des notions en économie : l’offre et la demande. C’est vraiment la seule raison qui me vient à l’esprit. Tout est dû à un effet boule de neige, où plus un article est recherché, plus il devient désirable ; plus la demande est élevée, plus l’offre est faible. Et plus l’offre est faible, plus l’objet est désirable. Et le fait que la montre puisse être vue partout sur Instagram, tout en n’étant pas disponible pour un public plus large, ne fait que créer de la frustration et l’envie d’en vouloir une – et non plus pour des raisons tangibles. Tout comme la Nautilus 5711 ou la Audemars Piguet 15202ST, ces montres ne sont pas désirées par ceux qui aiment vraiment la montre (l’objet et ce qu’il représente en termes d’horlogerie) mais par ceux qui pensent que c’est quelque chose à posséder, et qui est devenu un outil de spéculation. Voilà, je l’ai dit, la Daytona n’est pas, pour l’instant du moins, une montre au sens strict du terme. C’est un véhicule d’investissement pour les propriétaires ou les aspirants propriétaires.
Doit-on blâmer Rolex pour cela ? Nous entendons très souvent des plaintes concernant le statut inaccessible des montres Rolex en acier, notamment la Daytona. Et, à en juger par la frustration de nombreux propriétaires potentiels, cette plainte est en quelque sorte justifiée, mais pas entièrement pertinente. Il faut garder à l’esprit deux choses : premièrement, Rolex produit BEAUCOUP de montres, plus qu’elle n’en a jamais produit par le passé. Rolex produit et livre des montres en grande quantité. Selon une étude récente, Rolex a produit environ 800 000 montres en 2020 malgré l’arrêt de sa fabrication au printemps (source : Morgan Stanley). Mais en raison du standard de haute qualité de la marque et de la taille de son unité de production, elle pourrait ne pas être en mesure de produire des quantités bien plus importantes. La question est la suivante : Rolex voudrait-elle prendre le risque d’inonder le marché ? Ce n’est peut-être pas la meilleure solution.
N’oubliez pas non plus que Rolex ne vend pas de montres directement aux clients. Elle ne vend qu’à des concessionnaires agréés. Lorsqu’il s’agit de distribuer des montres aux clients finaux, la situation est entre les mains de ces AD, et non entre les mains de Rolex, et seuls ces derniers peuvent décider des allocations. Une fois que la marque a livré les montres à ses filiales locales, qui les livrent aux magasins locaux, Rolex ne peut pas contrôler la manière dont les montres sont vendues et à qui. Il y a eu quelques situations récentes où Rolex a retiré certaines autorisations de concessionnaires suite à de mauvaises pratiques. La marque en est consciente, mais comme nous vivons dans un marché libre, ce ne sera pas une tâche facile. Nous ne sommes peut-être pas heureux de cette situation, mais la vérité est que c’est nous, collectionneurs et amateurs de montres, qui l’avons déclenchée… aidés par la présence de quelques soi-disant flippers et revendeurs déloyaux.
Si c’est une montre que vous recherchez et non un investissement, soyez rassuré, le marché a bien d’autres modèles à vous proposer. Réfléchissez simplement à la raison pour laquelle vous voulez vraiment une Daytona… ?
评论
发表评论